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Sorties culturelles

Découvertes disques

25 octobre 2007

Critique invitée : Ariane David, étudiante au baccalauréat en biologie

Ultra Orange et Emmanuelle, Ultra Orange et Emmanuelle

Le 1er album de l'actrice française Emmanuelle Seigner avec Ultra Orange, un duo composé de Gil Lesage et Pierre Emery, aurait pu être une catastrophe musicale. L'album avait d'ailleurs été envoyé aux magazines musicaux français sans aucune mention de l'actrice ni photo pouvant trahir sa participation à l'album. Après tout, combien d'entre elles ont réussi à percer dans le milieu de la musique, du rock qui plus est, avec succès? Mais Emmanuelle Seigner a bien fait d'accepter de prendre part au 4e album du duo, car le résultat est étonnamment réussi. Et le choix de chanter en anglais, certes risqué, est une excellente idée.

Grâce à la maîtrise du compositeur Pierre Emery, ses jeux de mots, particulièrement dans «Won't Lovers Revolt Now», où tous les vers sont des palindromes (qui se lisent dans un sens comme dans l'autre), le choix délibéré de garder toutes les petites imperfections d'un enregistrement brut, l'accent pas tout à fait maîtrisé d'Emmanuelle ainsi que sa voix qui oscille entre la provocation, la douceur et la limite de la justesse donnent une honnêteté à l'album, ce qui le rend tout à fait crédible. Le fait que l'ancien producteur de Lou Reed, de Yo La Tengo et du Velvet Underground ait mixé l'album n'y est sûrement pas étranger. L'album alterne les ballades aériennes («Rosemary's Lullaby», «Simple Words») et les tubes pop rock en puissance («Sing Sing», «The Good Drom the Bad» et «Bunny»), en bref, tous les ingrédients nécessaires pour un album très prometteur.

Timbervision, The National Parcs

The National Parcs porte vraiment bien son nom. Car leur musique vient véritablement de la nature : presque tous les beats et les samples qu'ils utilisent sont des enregistrements de bouts de bois cognés ensemble, de galets frappés, d'eau qui s'écoule, de brindilles brisées. Avec une telle description, on s'attend déjà à un énième album de «relaxation» comme ceux qu'on trouve dans les pharmacies du coin, mais ce genre d'album est tout sauf reposant : la seule chose qu'il nous inspire, c'est une envie irrésistible de bouger au rythme et au son des voix de ces excellents chanteurs de Montréal.

Car si leur concept de musique «naturelle» est poussé à l'extrême, l'ensemble est toujours enregistré pour servir les voix des deux chanteurs et les mettre en valeur, ce qui nous évite d'avoir à écouter un album certes inventif mais sans âme. Ici, au contraire, The National Parcs ont réussi la prouesse de recycler la nature et grâce à une créativité débordante, des voix s'accordant parfaitement et une bonne dose d'humour, à en faire une musique moderne, s'inspirant du rap, du gospel et de rythmes tribaux africains en faisant quelques détours dans l'électro. On s'en rend encore plus compte en visionnant le DVD conçu avec l'album qui contient tous les clips des chansons, leur processus de création, les sons enregistrés pour les beats. Qui aurait cru qu'un barrage de castors puisse être aussi musical?

Live au Divan, artistes variés

Cet album compile plusieurs enregistrements d'artistes ayant joué au bar-salle de concert Le Divan Orange à Montréal en 2005. On y retrouve des artistes d'horizons et de styles musicaux très différents, comme Plaster, Deweare, Elektrik Bones, Oztara, La Fanfare Pourpour, Cosmik Debris, Pawa Up First et Afrodizz.

Les titres s'enchaînent de façon hétéroclite, mélangeant le jazz expérimental (Ta sœur), la musique tzigane (Foire à Kamanka) ou encore le rap (Think!), retranscrivant l'ambiance bon enfant et relaxée du bar. Les morceaux sont principalement instrumentaux, et tous d'une qualité digne d'enregistrements studio. C'est d'ailleurs l'un des reproches qu'on peut faire : les réactions du public ne s'entendent pas dans les enregistrements, enlevant par la même occasion tout l'aspect live de l'album. Un CD à réserver aux habitués du bar, ou aux amateurs de musique expérimentale appréciant ce style assez hermétique, il faut l'avouer.